Agir pour l’inclusion des personnes fragilisées, par l’Emploi

Journal des Entreprises – Edition Nord Pas de Calais – 6 Janvier 2012
Handicap. Où en sont nos PME dans le Nord – Pas-de-Calais ?
Le 22 décembre, à Arras, le Premier ministre, François Fillon a signé un pacte national pour l’emploi des personnes handicapées. Quelque 240.000 travailleurs handicapés sont à la recherche d’un emploi en France, 8% sont situés dans la région Nord – Pas-de-Calais.

La loi impose aux entreprises d’au moins 20 salariés de réserver 6% de leurs postes aux travailleurs handicapés. Pour autant, ce taux d’emploi effectif reste bloqué à 2,6% en France et à 3% dans la région. Qu’en est-il dans les PME-PMI du Nord – Pas-de-Calais?
Seulement 48% des entreprises françaises atteignent ou dépassent aujourd’hui les 6% de travailleurs handicapés (TH) dans leurs effectifs. Pour convaincre toutes les autres, une semaine du handicap est traditionnellement organisée en novembre. Mais c’est bien toute l’année que cette question doit préoccuper les dirigeants.

Des postes à pourvoir
Les postes existent pourtant. Lors de ce dernier temps fort, à Entreprises & Cités, plus de 80entreprises, grandes enseignes du privé, mais aussi de la fonction publique et des collectivités territoriales, ont proposé plusieurs centaines d’offres d’emploi à quelque 1.000visiteurs, travailleurs handicapés venus déposer leur CV et rencontrer des employeurs potentiels. L’occasion pour Yves Gustave, directeur d’Emploi & Handicap Grand Lille, de brosser le tableau de la situation générale des travalleurs handicapés face au chômage. «En 2010, 240.000 travailleurs handicapés étaient à la recherche d’un emploi en France, 8% sont dans le Nord-Pas-de-Calais et, parmi eux, 23% sont dans la métropole lilloise. Emploi & Handicap Grand Lille en accompagne la moitié», explique-t-il. Récemment, le contexte s’est dégradé: «Entre2010 et2011, le nombre de demandeurs d’emploi TH a augmenté de 15% au plan national, idem au niveau régional, mais on reste stable sur la métropole lilloise. Autrement dit, à chaque fois qu’il y a un mouvement de crise et que le chômage grimpe, les handicapés sont les premiers touchés.»

Faire monter en qualité la qualification des handicapés
Bien sûr, la loi de 2005 a incité les grandes entreprises à faire des efforts. «Mais la crise risque de compliquer les choses», observe Yves Gustave qui note aussi que le frein principal à l’emploi des TH est la qualification. «85% des demandeurs d’emploi ont moins que le bac comme diplôme. On demande aux entreprises de revoir leurs exigences en terme de profil de poste et de notre côté, on fait monter en qualité la qualification des TH. Mais la formation reste le gros problème.»

«Plus compliqué pour les PME»
Globalement, 75% des entreprises régionales assujetties répondent totalement à leurs obligations d’emploi de personnes handicapées. «Pour les PME-PMI, c’est beaucoup plus compliqué, nuance Yves Gustave. Elles n’ont souvent pas de DRH, ce n’est souvent pas leur priorité et elles n’ont souvent pas de visibilité à très long terme sur les carnets de commande et sur leurs embauches.» En 2006-2007, l’Agefiph qui finance l’aide à l’emploi des personnes handicapées, a pourtant lancé un vaste programme en direction des PME-PMI. «Dans la métropole et le Douaisis, 25% des contrats signés par les handicapés le sont dans des entreprises de moins de 20salariés et 68% des contrats dans des entreprises de moins de 100 salariés, explique Isabelle Lecerf, directrice d’Emploi & Handicap Grand Lille. Ces PME-PMI ont aussi besoin d’énormément de conseils et d’informations sur la question.»

201e contrat pour le GEIQ
Des aides peuvent être apportées à ces entreprises. Le groupement d’entreprises GEIQ Emploi & Handicap, qui a pour vocation d’embaucher des personnes handicapées, afin de leur apprendre un nouveau métier, vient ainsi de réaliser son 201e contrat de professionnalisation. «Cette personne vient d’intégrer Id Group (Okaïdi, Obaïbi, Jacadi, Oxybul Eveil & Jeux, Véronique Delachaux, Vibel) à Roubaix, une nouvelle entreprise du GEIQ, afin de la former au métier de comptable, explique François Delannoy, directeur du GEIQ nordiste. Atteinte d’un handicap physique, cette personne a démarré son contrat de travail, et sera accompagnée d’une part, par un tuteur interne et d’autre part, par un tuteur du GEIQ afin de lui apprendre le métier, pendant une année, et lui donner toutes les chances de réussite.»

Très forte motivation
La société Consultimm, à Ronchin, a également travaillé avec le GEIQ pour recruter un travailleur handicapé. Employant pour l’instant quatre salariés, cette TPE est spécialisée dans la vente immobilière aux particuliers. Elle commercialise des packs d’aide à la vente. «On est actuellement en plein développement, avec 20 commerciaux sur 28départements, confie David Dubois. J’avais besoin d’un professionnel de la prise de rendez-vous par téléphone. Un proche m’a fait connaître le GEIQ et la formule propose des avantages pour les entreprises. Par exemple, la personne est salariée du GEIQ pendant les six mois de sa formation. Et comme elle fait l’affaire, c’est même la meilleure de nos opératrices, on va l’embaucher. Elle a montré de très bonnes capacités et, surtout, une très forte motivation.» Tellement satisfait que David Dubois va recruter ce mois-ci deux ou trois autres salariés handicapés.

Frédéric Labendzki